mardi 31 mai 2011

L'attrape Coeur

Il y a quelques semaines, j'ai eu la chance de découvrir sur grand écran le documentaire inattendu de Michel Gondry, "L’Épine dans le Cœur". La chance pour deux raisons : tout d'abord parce que le film a été distribué de façon très particulière, puisque c'est lui qui est allé aux spectateurs, et non l'inverse. Ensuite, parce que ce film est un petit bijou de sincérité et d'émotion comme on en voit encore rarement sur nos écrans.


Peut-être que ceux qui on pu le voir n'auront pas eu le même sentiment que moi. Et c'est tout à fait normal. Car "L'Epine dans le Coeur" a une bonne dizaine de raisons de me toucher personnellement : J'ai passé de nombreux étés dans les Cévennes, lieu de tournage du film. Je suis née dans une famille d'instituteurs passionnés par leur métier, comme l'est Suzette, "l'héroïne". Et enfin, je suis une inconditionnelle du travail de Michel Gondry depuis des années. Son exceptionnelle inventivité, son amour de l'image et de musique réunis, sa mise en scène époustouflante, et sa faculté à donner envie de faire des films avec trois bouts de coton et du carton.


Et la première force de "L’Épine dans le Cœur", c'est son savant mélange d'originalité gondriesque et de simplicité. Une sorte d'hybride mêlant l'animation, les images super 8 sorties de tiroirs poussiéreux et les entretiens filmés. L'esthétique est à la fois plurielle et homogène, et sert parfaitement ce film aux enjeux personnels et pourtant étrangement universels.


Car l'histoire est celle de la tante du réalisateur, la dite Suzette, à qui il demande de raconter son parcours d'institutrice cévenole, de l'emmener dans les villages où elle a vécu avec son mari et son fils. Mais au delà de ce retour dans le passé, de cette course aux souvenirs, se dessine le portrait d'une femme, d'une mère, d'une famille et de ses blessures, de ses épines "dans le cœur".  Un double témoignage, celui d'une époque révolue, celle des petites écoles et des institutrices au fort caractère; celui d'une famille comme les autres, de ses non-dits que l'on connait tous un peu. Et au lieu de mettre le spectateur dans une position de voyeur, Gondry arrive à donner à cette histoire si personnelle un écho en nous-même. C'est peut-être parce que la caméra saisie une sincérité touchante, drôle, parfois gênante. Et lorsque, comme moi, on a la chance de rencontrer Suzette en vrai, et de l'entendre parler de son ancien métier, de son neveu, de son séjour à New-York pour garder Paul, le fils de Michel, cette sincérité perdure bien au-delà de la pellicule.


En un mot comme en cent, "L’Épine dans le Cœur" a été pour moi un véritable coup de cœur, une expérience comme il m'en arrive peu au cinéma. Certains y verront l'étalage de sentiments trop intimes, d'autres un OVNI dans la filmographie de Gondry. Moi, j'y vois surtout l'histoire d'une femme qui aurait pu être ma grand-mère, et que j'aurais aimé raconter.

Le site de Michel Gondry :
http://www.michelgondry.com/

La bande d'annonce du film :
http://www.youtube.com/watch?v=K2cKMpHumA8

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire